« CHEAP ROAD MOVIE » Dom Colmé 2023
Littéralement et dans l’anglophonie, « Un road movie a 2 balles ».
Mais c’est bien le paradoxe que ce nouvel opus de Dom Colmé sur lequel l’artiste appuie avec ironie et recul. On écoute, on réécoute, et on se dit mince si ça c’est cheap qu’est-ce donc que la richesse ? Chaque acte et moment vécu de la vie coûte en réalité très cher et comme à son habitude Dom Colmé nous le fait partager avec une finesse et une légèreté musicale qui adoucit les épreuves qui sont siennes et qui sont celles de tous. C’est le leitmotiv de Dom Colmé depuis ses débuts dans le grand cirque de la chanson française. On trouve ici et là des apparentées musicales dans l’approche avec de grands artistes qui lui sont chers et qui occupent notre cœur. Pourquoi les citer. L’écoute de chacun fera remonter les valeurs de ses pairs.
Le plus amusant peut être est dans « Chaque cigarette », un clin d’œil musical à l’adolescence de Dom, à Keith Richards, The Rolling Stones & Chuck Berry of course…
Rock’n’roll is not dead ? Un certain Jacques Higelin a toujours pris soin d’incorporer au moins un titre rock’n’roll dans ses différents albums. Faut-il y voir un trait d’hommage ? Avec « Cheap Road Movie », on monte d’un cran doux et abrupt dans le parcours de Dom Colmé. Chaque chanson fait le tour de l’espoir contenu dans le désespoir, rend hommage aux difficultés de la vie qui doivent nous faire grandir et non nous anéantir. Derrière chaque mot pesé, chaque phrase et chaque rime il y a des images, un impact visuel nouveau qui dénote de ses albums précédents pourtant si chers à notre cœur.
Il faut dire que la parolière à la tâche sur cette nouvelle collaboration Marie
Demesmay (alias Marie Dew), Marie… manie ses mots comme son objectif d’artiste photographe, jette son corps de modèle dans chaque phrase de ce nouvel album en travaillant en symbiose avec un chanteur compositeur masculin ouvert sur de nouvelles perspectives de création.
Il s’agit d’ailleurs d’un duo complet puisqu’une exposition de la parolière Marie Dew est associée à la sortie de ce nouvel LP le temps d’une exposition : noirs et blancs de corps et de cordes se succèdent en une déclinaison photographique de la conscience du lien. Echappées quant à elles de la pochette de Cheap Road Movie, des créatures fabuleuses s’exposent en autant de collages bigarrés, comme les émanations d’une nébuleuse qui a baigné les deux artistes dans cette collaboration onirique.
Chaque chanson se déroule en tentant de prendre soin de nous, de nos doutes et de nos épreuves. Chaque chanson tend à nous rendre plus fort, loin des attractions standardisées du marché musical. Cheap Road Movie est un album libre et sans contrainte.
C’est beau, la liberté ! Et ça fait du bien !
Si on devait résumer en une phrase l’esprit du travail qui a conduit à son aboutissement, on pourrait citer issu du titre « L’esprit de l’escalier » : « … J’ai dit adieu aux ascenseurs, je suis l’esprit de l’escalier… » Oui, il vaut mieux grimper les marches de l’escalier en suivant la rampe du désir plutôt que d’appuyer sur un bouton incertain, improbable.
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